Retour du Mali mission noma Bamako

MISSION NOMA DE BAMAKO 2008

I. PARTENAIRES

Les acteurs sont les mêmes que lors de la première mission de 2007. Il s'agit des associations « AU FIL DE LA VIE », « LES ENFANTS DU NOMA » ET « ENSEMBLE POUR EUX. » Ces trois associations sont complémentaires et il faut relever le magnifique esprit de solidarité qui a régné entre elles pendant ces semaines de mission.

Relevons :

AU FIL DE LA VIE

Le remarquable travail en amont de la mission..., invisible mais oh ! Combien astreignant et important... : la sensibilisation, la mobilisation des malades jusqu'à Bamako (certains viennent de très loin !), l'aménagement de la division de la maternité de Hamdallaye, la mise en place des malades et l'organisation de la communauté, la préparation des dossiers et des patients (laboratoires. Radiologie, vermifuges, spiruline etc...), l'initiation à l'hygiène etc...Sans oublier tous les contacts, les autorisations, les conventions, les tracasseries administratives pour aboutir à la démarche « d'une mission » !

Nous adressons à Sylvie et Kalifa nos vives félicitations pour toute cette approche et pour leur grande efficacité ! Sans eux pas de mission !!

Nous formulons également nos remerciements très sincères à Diénéba, l'infirmière franco-malienne qui a accueilli les malades depuis le 18 décembre 07 et préparé tous les patients en vue des opérations. Nous avons été particulièrement frappés par l'hygiène et l'ordre qui régnaient dans la maternité de Hamdallaye. Nous avons été également très touchés par la grande connaissance des dossiers et la grande sensibilité de Diénéba à toutes les histoires socio-affectives de chacun. Nous nous en sommes imprégnés. MERCI !

LES ENFANTS DU NOMA

Un grand MERCI également à l'équipe chirurgicale de cette mission qui, dès les premiers échanges a montré sa volonté de collaborer, de partager et de travailler mains dans la main avec l'équipe de soins postopératoires... un bel esprit, beaucoup de respect tant envers leurs collègues que les malades, une conscience et des capacités professionnelles hors du commun. Nous leur en sommes extrêmement reconnaissants.

ENSEMBLE POUR EUX

A ce jour, il faut relever la maturité, le sens des responsabilités, le professionnalisme des équipes en place jusqu'à début février. Un groupe pourtant très disparate où ont évolué un banquier, un bûcheron et une éducatrice pour la partie de l'animation (avec une participation aussi aux soins avec une efficacité impressionnante !) ainsi que des infirmières et une aide-infirmière. Tous y ont mis « tout leur cœur », dans un esprit serein, détendu et sans l'ombre d'une tension... un exploit si l'on tient compte de tout le contexte émotionnel de cette expérience et des conditions de logement de ces missionnaires !!! 1000 BRAVO et MERCI pour leur engagement bénévole !!

II. LES OPERATIONS ET PHASE POSTOPERATOIRE

Samedi 12 janvier 2008 : La grande consultation médicale. Ce fut 69 cas présentés et auscultés donc 69 dossiers ouverts et à étudier.

57 cas ont été retenus, dont 35 cas de noma et le reste constitués de becs de lièvre, de fentes et d'une infection persistante depuis 7 ans chez une enfant de 8 ans !(Siraba)

L'HOPITAL GABRIEL TOURE

Les opérations ont démarré le lundi 14 janvier, à l'hôpital Gabriel Touré avec une salle d'opération (ORL) puisque seul un chirurgien était présent (Joël a dû s'absenter ... juste un petit aller et retour en France !). Dès le mardi 15 janvier, deux salles seront à disposition, dans le service d'ORL et dans le service de Chirurgie (dans deux bâtiments différents). Cette année, l'équipe médicale était composée de deux médecins anesthésistes. Nous avons une pensée émue pour Edwige qui a galopé entre les deux bâtiments, l'an dernier !

La salle de soins pour le postopératoire immédiat (transition entre la salle de réveil et la maternité de Hamdallaye) était la même que l'an passé. Elle se situe à côté des salles attribuées aux enfants brûlés. Comme l'an passé, impossible de prendre possession des lieux avant le lundi, malgré nos démarches !! Quelques difficultés à obtenir les lits manquants et quelques chaises pour le personnel ! Finalement après moult palabres, Kalifa est allé chercher des matelas à la maternité de Hamdallaye ! et l'affaire a été résolue.

Cette salle de soins a été équipée de moustiquaires ce qui représentait un plus par rapport à l'an passé !

Nous avons même eu le privilège de disposer des toilettes attenantes, avec de l'eau et une clé ! Ce qui représente une nette amélioration depuis l'année dernière !

Dès lors les journées se sont succédées avec leur lots d'opérations (en principe 6 par jour), avec parfois de gros cas, avec des prises de lambeaux pectoraux, dorsaux... des drains, des saignements, des vomissements... Nous étions deux infirmières à l'hôpital. Notre travail consistait en l'accueil des malades du matin qui venaient se faire opérer. Ceux-ci ne disposaient pas de suite d'un lit puisqu'ils étaient encore occupés par les opérés du jour précédent. Il s'agissait donc, après la visite d'un ou des chirurgiens, de faire les pansements des opérés du jour d'avant, de mettre à jour les dossiers et d'organiser la sortie avec Kalifa qui les attendait (il avait emmené les opérés du jour). Un moment assez intense dans la journée, compensé par une période de grand calme dans le milieu de la journée avant l'arrivée des opérés du jour !

Entre 18h30 et 20h... l'heure a beaucoup fluctué, deux veilleurs, qui avaient été négociés avec un major d'ORL, prenaient le relai des soins. Produits, plans de soins leur ont été présentés et il semble que le travail était bien fait !

Lors de la deuxième semaine opératoire, une des infirmières de Gabriel Touré est restée à la maison de soins d'Hamdallaye pour aider à faire les pansements le matin. En effet, plus la mission avançait plus le nombre de patients à suivre à Hamdallaye augmentait !!!

D'un côté ou de l'autre, en salle ou en postopératoire, le travail n'a pas manqué et les journées étaient, de manière générale, longues...

Mais toujours dans un très bel esprit de solidarité et « d'aller jusqu'au bout ».

LA MATERNITE DE HAMDALLAYE ET L'ACCUEIL DES MALADES :

Les malades étaient tous sur matelas avec draps. Ils étaient tous au bénéfice d'une moustiquaire. Les chambres étaient propres et bien rangées.

Le petit bémol, dans ce milieu, ce sont les latrines et les douches. Personne n'a l'habitude d'utiliser des latrines et des douches ! D'où quelques odeurs !!

Les paillotes dans la cour étaient un espace de vie magnifique où il faisait bon aller s'asseoir !

L'espace de la cour reste un atout important dans toutes ces activités !

Au niveau du matériel, malgré le fait que nous avions regroupé matériel médical et médicaments pour environ 35 à 40 patients... nous étions parés tant quantitativement que pour le choix des produits. Nous nous sommes empressés de noter les manques (de type Algostéril, Actisorb, produit contre les mycoses buccales type Mycostatin etc...) sur mon petit carnet rouge !!!

Notre veilleur attitré à Hamdallaye est resté, comme l'an passé, notre ami Moussa, qui passait ces journées au bloc et la nuit à Hamdallaye ! Il a maintenant terminé ses études de médecine et songe à aller se former à l'étranger.

Le vendredi 25 janvier, selon la tradition, pour clore gaiment ces premiers temps opératoires, nous avons organisé une petite fête avec musique, danses, échanges et distribution de tee-shirts « Les Enfants du Noma » à tous les patients. Beaucoup de bonheur, des sourires que nous attendions et qui nous ont prouvés une fois de plus que la musique et la danse sont capables de dépasser bien des souffrances...

Le samedi 26 janvier : grande et dernière visite médicale : Tous les opérés défilent un à un et sont vus par Joël et Jacques qui donnent des consignes précises pour le suivi et l'ablation des fils. Les patients, les lambeaux vont bien... à part un hématome chez Coulibaly Tiery qui est drainé de suite par Joël... (avec efficacité !!)... tout se présente plutôt bien !

III. POSTOPERATOIRE ( APRES LE DEPART DE L'EQUIPE MEDICALE)

Je dois dire que c'est la première fois que je vis cette phase d'une mission soit le postopératoire après le départ des chirurgiens ! J'ai donc quitté le Mali une semaine après le départ de l'équipe médicale (le 2 février 08).

Jusqu'au dimanche 27 janvier, j'avais l'impression que tout était beau, sans soucis et que tous les lambeaux étaient sages !!! Mais dès ce jour, j'ai compris qu'ils n'étaient pas si disciplinés que cela et qu'ils commençaient à montrer des signes d'insoumission !!!

Je rigole...mais c'est vrai que, dès ce moment, des signes de souffrance et d'infections se sont manifestés chaque jour et il est certain que c'est un peu angoissant pour nous, infirmières, qui ne sommes pas des grandes spécialistes de cette chirurgie très particulière !

Nous avons fait au mieux en rajoutant des antibiotiques, en irrigant, drainant, désinfectant... Le hasard nous a mis sous la main des pansements d'Actisorb (argent et charbon) dont nous avons pu vérifier l'efficacité...

Et puis, surtout, par mail et téléphone, nous avons échangé avec Joël afin qu'il nous guide dans nos actions.

Je dois avouer que cette période est pour moi la plus stressante de toute la mission... J'avais un peu l'impression d'avoir tous ces lambeaux et ces greffes sur dos (d'où l'expression... elle a bon dos !!oh !oh !)... même si je plaisante maintenant !

Il faudrait presque avoir un médecin spécialisé dans ce domaine une ou deux semaines de plus à disposition... ou une référence locale qui nous accorderait une heure par jour pour régler les questions, problèmes, incertitudes etc...

Le relais a été pris par deux infirmières qui se donnent beaucoup de peine et ont régulièrement des contacts avec Joël.

Jusqu'à fin mars 2008, il y aura toujours 2 infirmières, sauf les 15 derniers jours où il n'y en aura qu'une ! Je compte sur Fatou pour l'a seconder ! Je tiens à relever ici l'efficacité de cette jeune fille, nièce de Kalifa, qui est très polyvalente et a assumé quasi toutes les tâches allant des soins, de la traduction, des repas et de leur distribution, de l'intendance etc...Et de plus avec le sourire du matin au soir ! MERCI Fatou !

IV. PHYSIOTHERAPIE

Au début de la mission, nous avons été rejoints par deux jeunes physiothérapeutes qui sont en dernière année de l'école de physio de Lièges, en Belgique. Ils se sont approchés des Enfants du Noma dans le but d'offrir une rééducation postopératoire aux interventions sur la maladie du noma et c'est dans le cadre de leur travail de diplôme que ce stage intervient !

L'apport de cet aspect rééducatif a été très bénéfique. Ces deux jeunes gens ont tout d'abord parfaitement bien intégré notre équipe soignante et nous ont aussi aidés à faire les pansements lorsque l'effectif était en baisse ! Un grand esprit de solidarité dont nous les remercions infiniment. Leur travail de massage et d'exercices buccaux organisé dans le petit local attenant à notre salle de soins, dans le mouvement des soins infirmiers, a représenté un complément précieux et indispensable aux soins postopératoires.

Je pense que Romain et Julien nous feront part de leurs impressions et de leur travail dans le cadre de cette mission ! Nous attendons ce compte-rendu !

V. L'ANIMATION

L'animation d'une cour de plus de 120 personnes mérite que l'on s'y attarde ! Certes, à Hamdallaye, l'espace est grand et permet de ne pas trop sentir les effets de la promiscuité !

Toutefois, il est important que chacun, dans toute cette vie communautaire, trouve sa place et des activités qui lui conviennent.

Une organisation avait déjà été mise en place par Sylvie au niveau de l'enseignement. En effet, tous les matins, une enseignante présentait des notions basiques aux enfants et adultes qui s'y intéressaient et une dame, épouse d'un expatrié, rejoignait également la cour afin d'animer un peu tout ce monde.

Cécile, Marc et Christian ont complété toutes ces activités en faisant du tricot, des jeux, des bricolages (le drapeau du Mali lors des matchs !!), des dessins, des jeux etc...De magnifiques échanges...

Précisons également que nos trois amis, lorsque cela s'avérait nécessaire (surtout le matin), nous aidaient dans la pratique et l'organisation des soins avec beaucoup d'efficacité. Ils ont très bien complété notre équipe soignante qui, vers la fin de la mission, avec 57 opérés, était un peu ristrette !! MERCI pour leur aide !

VI. CUISINE – INTENDANCE

Cette année, un nouveau dicastère a été crée au sein de la mission. Il s'agit de l'organisation générale gérant l'intendance et la nourriture, notamment les bouillies enrichies. Les patients ont ainsi pu profiter de bouillies, évitant de manger trop vite du riz (en post-op.) qui s'incruste partout où il ne faut pas !! Les malades porteurs de sondes gastriques (au nombre de 11 cette mission) ont pu être nourris par ces préparations bien adaptées sans avoir des diarrhées ou avoir faim ! Amadou, le responsable de ces prestations a travaillé quelques années dans un CREN dans le nord du Mali et est spécialisé dans la préparation des bouillies enrichies.

DANS L'ENSEMBLE CETTE MISSION A ETE UNE REUSSITE ! BRAVO ET MERCI A TOUS

CONCLUSION

Cette mission n'est pas terminée. Nous souhaitons le meilleur à l'équipe de Pierre Bouletreau qui assumera les deuxièmes temps opératoires ainsi que d'autres prises en charge de « noma », à partir du 23 février 2008.

MERCI et plein de reconnaissance à vous tous qui avez participé à cette belle histoire.

Certains patients on déjà regagné leur famille. Les autres s'en iront lorsque leurs plaies seront tout à fait guéries et cicatrisées. Nous saluons leur courage, leur force, leur dignité face à leur maladie invalidante. Nous leur adressons nos amicales pensées à tous ainsi qu'à leur famille et leur souhaitons nos vœux très chers pour un retour serein au sein de leur communauté.

Je terminerai par une très belle parole d'un vieux monsieur qui vient de partir...l'Abbé Pierre :

« Nous nous refuserons chaque jour d'être heureux sans les autres »

Bien Amicalement à tous.

Sylviane Collomb, EPE

Ensemble pour Eux

Projet au mali